Peu d'investissement en agriculture à Madagascar ? le Pourquoi ?
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Peu d'investissement en agriculture à Madagascar ? le Pourquoi ?

Ekonomika Mag MDG • Rédacteur
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Les gens ne sont pas vraiment motivés à l’idée d’investir dans un secteur pourtant vital pour l’économie du pays.  En explorant la situation actuelle du marché de l'agriculture à Madagascar en 2024, ainsi que les raisons, les conséquences et les solutions à ce problème, nous pouvons mieux comprendre les défis auxquels le pays est confronté et explorer des pistes pour stimuler l'investissement dans l'agriculture.

 

La situation du marché de l'agriculture à Madagascar en 2024

 

L’Ile Rouge, avec ses nombreuses terres arables, offre de belles opportunités dans le secteur agricole. En 2024, l'agriculture emploie plus de 80 % de la population active et contribue à 27 % du PIB, ce qui en fait un pilier de l'économie malgache.


Cependant, le secteur agricole malgache reste peu productif et sous-exploité. Seulement 5 % des terres arables sont cultivées. La plupart des agriculteurs sont de petits producteurs qui travaillent sur de petites parcelles avec des outils rudimentaires et des semences de mauvaise qualité. Cela entraîne de faibles rendements et empêche Madagascar d'atteindre son potentiel agricole.


Heureusement, le gouvernement et les investisseurs privés s'intéressent de plus en plus au secteur agricole. Le Plan National de Développement prévoit de doubler la productivité agricole d'ici à 2030. De plus, les investissements étrangers dans l'agriculture ont presque triplé entre 2010 et 2019, atteignant 400 millions de dollars US (source : L’Agriculture à Madagascar : Évolution, chiffres clés et défis, 2023). Ces investissements se concentrent sur des cultures à forte valeur ajoutée comme le riz, le maïs, le haricot vert et le litchi.


Les raisons pour lesquelles l'investissement en agriculture est faible à Madagascar


Ce secteur souffre d’un manque d’investissement chronique qui freine son développement. Plusieurs raisons expliquent ce faible investissement.


L’agriculture familiale domine largement le secteur agricole malgache. Selon la FAO, plus de 70 % des exploitations agricoles sont de petite taille, gérées par des familles. Ces petits producteurs ont un accès limité au crédit, aux infrastructures et aux technologies qui pourraient améliorer leur productivité. Ils ont également peu de capacité d’investissement propre.


Le cadre politique et réglementaire du secteur agricole demeure peu propice aux investissements. La politique agricole manque de cohérence et de stabilité. Les procédures administratives sont lourdes et complexes. La sécurisation des droits de propriété foncière reste problématique. Tout cela génère de l’incertitude et décourage les investisseurs.


L’agriculture malgache souffre d’un déficit d’infrastructures qui entrave sa productivité et son développement. Les réseaux routiers et de communication sont peu développés, en particulier dans les zones rurales. L’accès à l’énergie, à l’irrigation et aux marchés demeure limité pour de nombreux agriculteurs.


Enfin, le secteur privé investit peu dans l’agriculture, préférant se tourner vers des secteurs plus rentables et moins risqués. Pourtant, des opportunités existent, notamment dans les filières d’exportation (cacao, vanille, litchi, etc.) ou liées au marché intérieur en pleine croissance.


Les conséquences du manque d'investissement en agriculture à Madagascar

 

Le manque d'investissement en agriculture a de graves répercussions pour Madagascar. Tout d'abord, il limite la capacité du pays à atteindre la sécurité alimentaire. Les faibles rendements agricoles signifient que de nombreuses communautés rurales dépendent de l'aide alimentaire, ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix internationaux des denrées alimentaires.

 

En outre, le manque d'investissement limite les opportunités économiques pour les agriculteurs et les communautés rurales. L'agriculture pourrait être un moteur de croissance économique et de réduction de la pauvreté à Madagascar, mais sans les ressources nécessaires, le potentiel de ce secteur reste inexploité.

 

Il est important de souligner que le manque d'investissement en agriculture a également des conséquences sur l'environnement. Les pratiques agricoles non durables, telles que la déforestation et l'utilisation excessive de pesticides, peuvent entraîner une dégradation des sols et une diminution de la biodiversité. Cela compromet la durabilité à long terme de l'agriculture malgache et menace la richesse naturelle unique de l'île.

 

De plus, le manque d'investissement en agriculture affecte par ailleurs la santé et le bien-être des populations rurales. En l'absence de ressources adéquates, les agriculteurs ont du mal à accéder à des services de santé de qualité, ce qui entraîne une augmentation des maladies liées à la malnutrition et à l'insalubrité. Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés, car ils sont souvent les plus vulnérables à ces problèmes de santé.

 

Les solutions pour stimuler l'investissement en agriculture à Madagascar

 

Madagascar a un énorme potentiel agricole inexploité. Pour attirer davantage d'investissements dans ce secteur et stimuler sa croissance, plusieurs solutions s’imposent.


Tout d’abord, il faut améliorer l’accès au financement pour les agriculteurs. Aujourd’hui, seuls 5 % des agriculteurs malgaches ont accès au crédit bancaire (FAO, 2019). Augmenter ce chiffre en développant des produits financiers adaptés au secteur agricole, comme les microcrédits, permettrait aux agriculteurs d’investir dans de nouveaux équipements et intrants pour améliorer leur productivité.


Deuxièmement, il est nécessaire de renforcer la formation des agriculteurs. Beaucoup d’agriculteurs n’ont pas les compétences techniques et managériales pour développer leur exploitation. Des formations sur les bonnes pratiques agricoles, la gestion d’entreprise ou le marketing sont indispensables pour aider les agriculteurs à adopter des modes de production plus durables et à mieux valoriser leurs produits.


Troisièmement, l’État doit améliorer l’environnement des affaires dans le secteur agricole. Cela passe par une simplification des procédures administratives pour créer une entreprise agricole, une clarification du cadre légal sur le foncier, et une meilleure gouvernance pour lutter contre la corruption. Un environnement plus attractif et sécurisé encouragera les investisseurs privés, nationaux et étrangers, à s’engager dans l’agriculture malgache.



Il est important de renforcer l’intégration des agriculteurs aux marchés. En améliorant les infrastructures de transport et de stockage, et en développant des partenariats commerciaux avec les transformateurs et distributeurs, les agriculteurs pourront mieux écouler leur production, accroître leurs revenus et générer plus de valeur ajoutée pour l’économie malgache.

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